#Tellement

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interview 18.06.2023

Montagnes visuelles à la Monte Mai

Anicée & Brízida

Rencontre avec le trio de pop psychédélique Monte Mai composé d'Anaïs Schmidt, de Fabio Besomi et de Fabio Pinto !


Y a-t-il des styles musicaux, ou un groupe qui vous réunit les trois ?

Anaïs Schmidt : “Il n’y a pas qu’un seul artiste qui influence notre musique et il n’y a pas qu’une chanson qui nous a poussé à faire une chanson. Quand on a travaillé sur notre premier album (le seul qu’on ait écrit pour l’instant), on écoutait des genres différents : de la musique africaine, Radiohead, Khruangbin… mais ils n’ont pas été actés dans l’album. On a aussi écouté de la musique électronique et de la musique pop. Je dirais que ce sont des hasards si certaines références sont perceptibles.”

Fabio Besomi : “Si tu fais de la musique électronique pop, ça t’amène à une année spécifique. Je pense que chaque saison a son son et tu dois juste le découvrir. Ça vient naturellement si tu écoutes ce qui se passe autour de toi. Personnellement, je suis influencé même par le son de cet homme sur le cheval là-bas [sic]. On peut dire que la majorité de notre inspiration est la contemporanéité de la musique, ce qui peut revenir à Bach ou Beethoven.”

Vous avez tou.te.s été dans des groupes avant, est-ce que c’était une ressource de revenir à un groupe où il y a une basse, une guitare, et un piano ?

Fabio Pinto : “On a commencé à produire de la musique principalement sur l’ordinateur, qu’on a ensuite amenée sur une scène. Bien sûr, l’idée c’était de rendre cela viable sur scène, mais c’est aussi vrai de dire que c’est une perception qui est un peu déformée dans la mesure où quand tu commences à produire et que tu dois ensuite la jouer sur scène tu dois la réduire carrément de moitié, ce qui parfois peut être frustrant. Mais définitivement, dès le début, on avait l’idée de le faire sur scène, ce qui nous a demandé beaucoup de temps pour la production. On a passé beaucoup de temps pendant la période Covid enfermé.e.s au studio !”

Fabio Pinto : “La musique électronique m’a toujours fasciné, ce qu’on peut réussir à créer avec un ordinateur est fascinant. Peut-être que le prochain album sera plus… “humain” disons !”

Monte Mai, vous voulez nous emmener où avec ça ?

Fabio Besomi : “Le lien avec les montagnes est assez clair, vu qu’on habite de l’autre côté du Gothard, et c’est assez important. Le nom est venu du son du mot “Monte”. Ça a commencé de “La Monte Young” (compositeur de musique contemporaine) et on a joué avec le mot et le “Mai” qui signifie “jamais”, c’était pour créer une allitération avec le mot “Monte”. On a tout de suite aimé. La force des montagnes et du mot « jamais », symbolisant la disparition de cette énorme structure.”

Trouvez-vous difficile de promouvoir votre propre musique à notre époque ?

Fabio Pinto : “Moi, j’aime beaucoup le concept d’album avec plusieurs titres à écouter. Même si aujourd’hui, il faut faire monter la sauce avec un single, ensuite une vidéo, ensuite une autre. Les réseaux sociaux c’est très utile pour gagner du public, même s’il faut parfois payer un peu pour ça, cela amène aussi des écoutes qui sont organiques… parfois on a la sensation de brandir un panneau qui dit “Écoutez Monte Mai” … mais ça aide ! Ce sont des stratégies. C’est un projet avec lequel on gagne notre vie, donc pourquoi pas le voir en gardant toujours le côté artistique intègre évidemment.”

Trouvez-vous parfois difficile de vous mettre d’accord quand vous êtes en phase de composition, sur les choix artistiques ?

Anaïs Schmidt : “Tout le monde compose et donne son opinion, il n’y a pas d’opinion plus importante qu’une autre. Bien sûr que par moments, Fabio Pinto pense quelque chose et puis l’autre Fabio Besomi aussi pense autre chose, mais on trouve toujours un juste milieu. Parce qu’au final on est en groupe, donc on a certes des styles différents, mais aussi un style similaire vu qu’on joue ensemble au public ce avec quoi on se sent bien, donc c’est vraiment quelque chose qu’on fait ensemble et qu’on continuera à faire ensemble. (Fabio Besomi) Il n’y a pas de leader, donc c’est vraiment une approche organique de la musique qui a finalement toujours été là. Je n’ai jamais ressenti cela par le passé. Parfois, on prend un beat et on commence à jouer par-dessus, parfois quelqu’un vient avec une chanson avec des paroles, etc., mais au final, ça reste bien une écriture organique.”

Vous accordez une certaine importance à l’esthétique et au graphisme, est-ce que c’est quelque chose d’important pour vous ?

Fabio Besomi : “Oui, je suis fan de cela depuis des années, j’ai d’ailleurs plusieurs amis dans la branche. On a la chance d’avoir des ami.e.s tels que Andreas Gysin et Sidi Vanneti qui sont les deux aussi profs à l’ECAL et ils travaillent beaucoup avec de l’interaction design. Et l’idée d’un album, c’est pas seulement la musique. On a quelque chose à dire et on doit le dire émotionnellement, visuellement et musicalement.”

📸 Selma Mehlum