Les heures prometteuses
RouquiniolConnu dans la région et au-delà depuis plusieurs années pour la qualité de ses sets, Extrastunden a ouvert cette édition 2023 sur la nouvelle scène du Phare. Rencontre à la cool au bordu pour faire un peu plus connaissance, une petite heure après son set.
On trouve peu de traces de ce qu’il fait sur le web, ce qui a le don de susciter la curiosité. Des images témoignent néanmoins de ses activités dans son studio, véritable caverne d’un Ali Baba qui aurait décidé de se reconvertir dans le son.
Extrastunden, Jonathan Bürki au civil, a commencé la musique à l’école primaire en jouant de la batterie et de la flûte, puis a fait ses premières armes dans des groupes de rock metal et de hip hop. C’est à 14 ans, à la Fête du vin à La Neuveville qu’il se retrouve devant une scène où dj Tech-Law mixait de l’electro house : gros flash. Le lundi suivant, il était chez ce dernier pour faire ses premières gammes sur platines. Il acquiert rapidement deux cdj-200 et une table de mix. Il habitait alors chez ses parents qui n’étaient pas super chauds par sa nouvelle passion, craignant que cela ne le distraie trop de ses études. Il s’est construit une petite box afin de pouvoir se lever la nuit et mixer sans réveiller toute la maisonnée, et de bidouiller avec Traktor et Audacity.
Son CFC de tapissier décorateur en poche, il n’a pas arrêté de s’adonner à sa passion, et n’a depuis quasi pas pris de vacances depuis dix ans pour faire du son. Il a appris en autodidacte, acquérant progressivement beaucoup de matos pour se construire un studio plein de machines. Il vit aujourd’hui de son art entre mixage et bandes son, composition et sound design.
Nous parlons de ce qu’il vient de jouer au Phare : “C’était de l’intro, 100% freestyle.” Comme un certain Laurent Garnier le clame haut et fort, pas besoin de préparer un set, au risque de s’emm*****. Extrastunden est de ceux-là : il joue en fonction de la sono, du public et de la lumière. Avec quoi a-t-il démarré son set ? “La track que j’avais mis en soundcheck tournait en boucle et je n’avais donc plus le choix que de commencer avec ça.” D’ailleurs, jolie anecdote : cette track de Thomas Brinckenmann lui avait été offerte il y a douze ans par son ami Pitch, aka Pierre Sandoz, celui qui a conçu cette nouvelle scène du Phare qu’Extrastunden égrenait hier soir (🔗 lire l’article sur le Phare). Il recherchait ce morceau depuis et ne le retrouvait pas dans les limbes d’une quelconque mémoire numérique, jusqu’à il y a peu de temps.
Le dj fait part de l’énorme plaisir qu’il a eu de jouer dans ce projet de scène qu’il a vu se dessiner dans son studio. Il catégorise son set en tant que minimal house : il craignait de devoir jouer plus mainstream avec des edits, mais, voyant devant lui ses amis et sa famille, il a pu rapidement se lâcher et jouer plus pointu.
C’est quoi un bon set pour Extrastunden ? “Quand je vois que le public sourit.” Il tente d’offrir un moment sur mesure par rapport aux gens qui sont devant lui, à la lumière, au sound system, et il se laisse guider par ces paramètres.
Et la suite ? Il n’a pas vraiment de date cet été parce qu’il déménage son studio et garde le focus sur ses projets musicaux qui sont plus que prometteurs. Après plusieurs années de travail consciencieux et persévérant, il vient d’acquérir un bijou de table de mix autour duquel il va construire son prochain studio. Les étoiles semblent s’aligner.
Hier soir, un autre dj bien connu de la place – Cut 3000 pour ne pas le nommer – passe devant Extrastunden, et lui demande s’il laisse pousser ses cheveux jusqu’à ce qu’il sorte quelque chose. Comme disent les anglophones, stay tuned : ça risque d’en valoir largement la peine.